FUMER LE CIGARE,
C’EST AVANT TOUT UN ETAT D’ESPRIT !

Fabrication

La fabrication du cigare se décompose en plusieurs étapes et se déroule dans une sorte de rituel dont le summum consiste en son roulage.

Après la culture et la récolte, qui se fait feuille par feuille et à la main, de manière à ne pas endommager le tabac, surviennent le séchage et la fermentation des feuilles de tabac. Le séchage est réalisé dans des hangars appelés à Cuba casas del tabaco. Un certain nombre sont équipées d’un système de chauffage accélérant le séchage et la fermentation des feuilles. Les feuilles, cousues par paires, sont pendues sur des perches environ cinquante paires par perche qui sont elles-mêmes suspendues. Les plus fraîchement cueillies sont accrochées au ras du sol. Elles gagneront les étages supérieurs au fur et à mesure de leur maturation.

Une cinquantaine de jours plus tard a lieu la première fermentation des feuilles, sous surveillance, afin que leur température ne dépasse jamais 35 °C. Empilées, les feuilles exsudent leur excès de résine. Puis elles sont mouillées, avant de passer dans les mains des regazadoras qui les écôtent, en ôtant la nervure médiane de la feuille et les classent en fonction de leur taille, de leur teinte et de leur texture. Triées, classées, les feuilles sont ensuite rassemblées en ballots. Elles connaissent ensuite leur seconde voire leur troisième fermentation affinant ainsi les saveurs et les arômes et éliminant les dernières impuretés. La seconde fermentation dure jusqu’à soixante jours et la température ne doit pas dépasser 42 °C. Après une phase de repos sur clayettes, les feuilles, enveloppées dans un emballage en toile sont enfin mises en balles. Elles vieilliront ainsi, de six mois à deux ans, ou plus, avant de prendre le chemin de la manufacture. C’est durant cette phase que les grands noms des maîtres du cigare viennent choisir leur récolte pour produire le meilleur des arômes.

Une fois dans les manufactures, le tabac arrivé en balle va être assemblé le plus souvent par des femmes, d’où la légende du fameux cigare de La Havane roulé sur les cuisses des Cubaines. Rouler le cigare est un art qui demande souvent de nombreuses années avant d’en maîtriser la dextérité. Le rouleur doit également être capable d’accorder et d’assortir les différents tabacs pour assurer une combustion savoureuse. Le havane par exemple est un assemblage de cinq types de feuilles dont les trois premières constituent sa tripe. Le rouleur place de deux à quatre feuilles de tripe bout à bout, que l'on roule ensuite dans les deux moitiés de la sous-cape pour obtenir ce qu'on appelle une poupée. Il faut une grande habileté pour obtenir une répartition équilibrée de la tripe, garante d'une combustion régulière. Le tout est ensuite pressé dans des moules de bois. Dans les manufactures cubaines, c'est le même ouvrier qui roule ensuite la cape - ce n'est pas le cas, par exemple, en République dominicaine où cette tâche est l'œuvre d'ouvriers spécialisés. Dans les deux cas, chaque rouleur dispose de plusieurs poupées déjà roulées, qu'il lui faudra ensuite rouler dans la cape. L'extrémité est ensuite débarrassée de ses irrégularités, jusqu'à prendre une forme arrondie. Le rouleur choisit une cape, la retourne pour éviter que les nervures ne soient apparentes et la découpe à la bonne taille à l'aide d'un couteau ovale appelé Cheveta. Il place alors la poupée de biais par rapport à la cape, puis étire cette dernière avant de la rouler délicatement autour de la sous-cape, les épaisseurs se chevauchant bien à chaque tour. Le tout est ensuite fixé à l'aide d'une goutte de gomme inodore et sans saveur. Il roule ensuite le cigare contre le plat de sa lame afin d'en assurer l'homogénéité puis coupe une petite chute de cape pour en faire la tête, appelée aussi coiffe.

Un rouleur produit environ 63 cigares rigoureusement identiques par jour. Les cigares roulés à la main bénéficient de l’appellation Hecho à mano, gage de qualité et de respect des opérations de roulage à la main. Le roulage à la main s’effectue en 9 opérations Puis les cigares qui sont soumis au repos pendant une période de 4 à 8 semaines et enfin au tri. Puis c’est au tour de la sélection des couleurs d’entrer en compte. Cette étape ultime de tri permet de trier les cigares selon leurs nuances bien définies. Chaque teinte est rangée par lot qui sera réparti, bagué, et mis en boîte pour finir par être distribué aux quatre coins du monde.